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HAUT CONSEIL SCIENTIFIQUE
Le 8 février 2023, à l’Hôtel des Arts et Métiers de Paris, se tenait la mise en place de la nouvelle équipe du Haut Conseil Scientifique (HCS) de 3AF, en présence de certains de nos administrateurs et présidents de Commissions Techniques.
Après un discours de bienvenue du Président Louis LE PORTZ, Michel SCHELLER, Président d’Honneur de 3AF a présenté les nouveaux enjeux et défis à relever – retrouvez le texte intégral de son intervention à la suite de cet article.
C’était ensuite l’occasion pour Stéphane Andrieux de présenter les grandes lignes des objectifs et missions du HCS.
Ayant posé tout d’abord les grands principes de fonctionnement – un Haut Conseil au service de l’Association, de ses membres et pouvant fournir également un appui à l’Etat – Stéphane Andrieux a présenté trois grands chantiers de réflexion pour le HCS :
· Les nouveaux enjeux de certification
· Méthodes de travail et continuité numérique
· Promesses des technologies quantiques
Autant de nouvelles orientations pour les travaux de nos Commissions Techniques, dont la plupart des présidents étaient présents.
Cette séance était enfin l’occasion d’une remarquable intervention de Louis GALLOIS, co-Président de La Fabrique de L’Industrie. Après un état des lieux sur la perte d’emplois et de souveraineté lié à la chute du niveau d’industrialisation de la France, Louis GALLOIS propose des priorités d’actions pour une reconquête industrielle et met l’accent sur les besoins en énergie électrique ainsi que sur les ressources et le rôle particulièrement moteur de nos Régions.
Louis Gallois, Co-président de La Fabrique de l'industrie, Hervé Austruy, Président du Groupe Régional Aquitaine 3AF, Stéphane Andrieux, nommé Président du Haut Conseil Scientifique, Louis le Portz Président 3AF
Michel Scheller, Président d'honneur 3AF
à l’Hôtel des Arts et Métiers de Paris
Intervention de M. Michel Scheller
Bonjour à tous, Chers Amis,
Je tiens tout d’abord, à remercier notre Président qui me donne ce jour, l’opportunité de vous faire part de quelques-unes de mes convictions et à remercier également le Président Louis Gallois - nous nous connaissons de longue date - qui m’a toujours prodigué des conseils pertinents et qui a toujours manifesté Amitié et Intérêt pour la Société Savante 3AF.
Nous sommes en effet réunis pour, entre autres, souligner ce que sont les apports, substantiels, de notre Société Savante.
Quelques données :
- La désindustrialisation de notre Pays a été très vigoureusement soulignée – et nous en avons perçu les effets récemment. Il semble que cette désindustrialisation soit à présent stoppée. Quelques chiffres : la valeur ajoutée industrielle ne représente plus que 11% du PIB et 2,7 millions d’emplois en France, contre 25% du PIB et 7,5 millions d’emplois en Allemagne. La désindustrialisation de notre pays s’est accélérée en 1995 et 2015. Durant cette période, notre pays s’est vidé de près de la moitié de ses usines et de plus du tiers de son emploi industriel.
- Nombreux sont les économistes qui ont voulu comprendre et expliquer le pourquoi de cette situation. Mais il n’est pas nécessaire d’analyses poussées pour appréhender les conséquences prévisibles sur notre emploi, notre balance commerciale, notre déficit budgétaire.
- Parmi, au fond, ce qui ressort de ces travaux :
- Un effort d’innovation insuffisant (aujourd’hui, évolution positive significative).
- Le tissus Startup, PME, ETI, insuffisamment valorisé, soutenu, etc… et un Exécutif frileux quant à son organisation (la valse des ministres en charge du secteur industriel et les évolutions de leurs feuilles de route…).
- La nécessité d’une « Politique Industrielle » et s’inscrivant dans le contexte Européen. La Souveraineté Nationale, dans ce contexte est à clarifier en permanence (réchauffement climatique, transition énergétique…).
- Une refonte en profondeur, de notre système éducatif, valorisation de la formation en alternance. Faire en sorte de limiter la fuite de nos cerveaux…
Sur ce dernier point, je peux ajouter une considération personnelle que je vois souvent évoquée : le travail est indispensable - nul n’en doute - c’est la porte d’entrée à la Société - une nécessité de notre passage sur terre. Il faut donc, tout faire pour que nos compatriotes trouvent plaisir dans leur quotidien et n’abordent pas le travail comme seulement une nécessité « économique » et en sus, comme conséquences, mettre la lumière sur les prolongements associatifs, culturels etc…
Je sais le côté idéaliste de ces propos - mais pour m’en excuser, je vous dirais que je mets encore la blouse que mon père portait, élève de l’École Normale d’Instituteurs, et que toute sa vie, avec cette formation, il l’a consacrée aux jeunes, à les aider dans leur choix, à leur faire aimer leurs parcours, en un mot à les aider à s’intégrer dans la Société.
Vous allez me dire, pourquoi ce jour, ces propos. Notre Société Savante, avec ses Comités, ses Commissions Techniques, ses Groupes Régionaux, a je crois assumé ses responsabilités - Bien entendu les assume toujours et qu’il me soit permis d’en féliciter très chaleureusement tous les intervenants : ils sont mus par la Passion. Bravo.
La Société Savante, c’est la connaissance des évolutions techniques, technologiques, c’est la diffusion objective de cette connaissance, c’est une appréhension des évolutions à venir, avec leurs arbres de ramification, c’est un devoir d’alerte quand nécessaire.
Notre Haut Conseil Scientifique, présidé par Stéphane Andrieux à qui je donne le micro dans quelques instants, et ouvert à des personnalités éminentes, est garant de la pertinence de notre Société Savante, qui, remarque en passant, n’est pas particulièrement concernée jusqu’à ce jour par les constats présentés ci-avant. En effet, nos domaines d’intérêt, l’Aéronautique et l’Espace, toutes applications confondues, de par leurs retombées sociétales ont plutôt moins souffert que d’autres secteurs.
Alors, j’y viens.
Une opinion partagée est que la « relocalisation » en France, des usines implantées à l’Etranger sera limitée et que le renouveau de la « French Fab » sera possible grâce à des synergies avec la « French Tech » et les Startup industrielles.
Nous entrons, nous sommes entrés dans une nouvelle ère industrielle, portée par les évolutions (progrès) stupéfiante du « numérique ». (Pour mémoire, en 1964, au début de ma carrière on venait de découvrir l’effet transistor, et on procédait à a mise au point du premier transistor, le Schottky, utilisant un autre matériau que le Sélénium !).
Cette révolution, notre Société Savante (toutes les Sociétés Savantes qui nous ressemblent) doit la faire sienne.
Une technologie, d’une potentialité incroyable, des capacités mémoire que l’on rencontre des difficultés si l’on veut « saisir » des vitesses et capacité de traitement jamais envisageables voici quelques années ! (l’ordinateur quantique est à nos portes !) des « transmissions » aux performances adaptées, etc…
Et comme retombée, la notion d’IA, à mon sens dénomination, mal adaptée, mal comprise ! En effet, elle peut laisser à penser que la machine succédera à l’homme (l’homme esclave de la machine !) avec tout ce que cela comporterait comme nouveaux risques. Je n’y crois absolument pas quant à moi, et laisse aux philosophes le soin d’échanger avec les futurologues.
Un instant de réflexion, par la capacité de traitements ultra rapides, de traitements en parallèle, de mémorisation, des algorithmes ont vu le jour qui possèdent des fonctions d’apprentissage, formidable évolution, oui !
Le jeu de go, la reconnaissance faciale, le chat GPT, la traduction simultanée, etc… Il s’agit d’aides efficientes, sans, à priori, d’aspects décisionnels incontrôlables.
Par contre, la voiture sans chauffeur est un exemple de substitution, voulue qui conduira à un aspect majeur concernant les « risques » : définition, couverture…
On peut d’ailleurs souligner que de telles approches pourraient concerner, tous les moyens de transport.
On comprend bien ces domaines, où la décision est transférée, d’autres questionnements apparaissent, ayant pour la plupart, une portée qui sort de l’hexagone.
Mais l’IA a également (et déjà) des implications dans le domaine de la « fabrication », qui nous concerne davantage :
- Nouveau Design, ayant pour objectif un accroissement de l’efficacité (toutes formes confondues). [La notion de « big data » non encore évoquée aura des conséquences importantes dans les processus de développements : définition précise des objectifs poursuivis, algorithmes considérant les données disponibles et conduisant aux moyens adaptés aux objectifs, plutôt qu’une démarche partout des « moyens » existants ou traditionnels. À noter l’introduction certaines de difficultés dans le cadre de coopération ! Il faudra redoubler de sagesse !]
- Nouvelles approches concernant les cycles de vie (flux tendus, 3D, géographie de la commande et de la réalisation, etc.).
- Conséquences :
La technologie est nécessaire pour l’épanouissement de l’IA.
Il faut donc des relations de confiance, suivies, avec le tissu industriel déjà cité, qui est une source importante « d’innovations », et, demeurer conscient de la fonction importante, d’alerte.
Nous voyons se développer les logiciels applicatifs. Sans aucun doute, un devoir d’intégrité de ceux-ci va conduire à des normalisations et des processus de validation.
Les algorithmes d’IA auront à être qualifiés (avec les questions que cela pose en termes de déontologie).
Tous ces process auront à conserver leur « Intégrité » et par conséquent être protégés aux agressions, de plus en plus sophistiquées, etc…
Dans nos domaines (et d’ailleurs, je pense, plus généralement) l’IA ne se substituera pas à l’Homme dans la prise de décisions, sauf si ce dernier en décide autrement. (On peut citer les manœuvres de l’OTAN, qu’exploitent parfaitement ce rôle de l’IA, aide à la décision finale).
Mais nous sommes entrainés dans une véritable « Révolution Industrielle ». Nous devons en prendre conscience, nous ne sommes plus à l’ère des trente glorieuses. Et nous n’avons pas le droit à l’échec.
Notre Société Savante doit s’adapter et se saisir des considérations évoquées. Elle est attendue. Je sais leur faire confiance et je sais aussi que le « job », comme on dit, est passionnant.
Alors, avant que le Président Louis Gallois ne termine cette première partie de notre rencontre, sans doute en corrigeant certains de mes dires, mais assurément en nous faisant partager sa passion - et je rappelle que cette passion, on la retrouve entre autres dans les travaux du laboratoire d’Idées qu’est la Fabrique de l’Industrie dont il est le Fondateur et que présentement, il copréside.
Je me retourne vers Stéphane Andrieux, en redisant que bien évidemment certains de mes propos n’engagent que moi mais en lui disant aussi que nous comptons sur l’implication de tous, et en particulier du HCS et de son Président.
Je vous remercie pour votre écoute.
M. Michel Scheller
Président d’Honneur de la 3AF
Louis Gallois, Co-président de La Fabrique de l'industrie à l’Hôtel des Arts et Métiers de Paris
1 Commentaire
Où puis je trouver la remarquable intervention de Monsieur Louis GALLOIS telle que décrite dans vos lignes?
Merci par avance
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