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Explorer l’inconnu des futurs possibles : une ambition ONERA au service de la communauté aérospatiale et de défense

08 octobre 2018 Lettre 3AF
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“ Si l’on veut quelque chose que l’on n’a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l’on n’a jamais fait ”. Périclès

“ Ce qui nous empêche de changer, ce ne sont pas seulement nos doutes, mais bien plus souvent nos certitudes ”. Sénèque

 

Des futurs en question

“ Quelles recherches pour préparer l’avenir du transport aérien ? ”
“ L’avion tout électrique est-il un concept d’avenir ? ”
“ Comment évaluer et démontrer le potentiel du concept d’aile volante pour le transport commercial futur ? ”
“ Quelles ruptures technologiques pour éliminer les nuisances dues au bang supersonique ? ”
“ Quelles ruptures rendraient la magnéto-hydro-dynamique applicable à horizon de 30 ans ?  ”
“ Quelles solutions pour protéger les satellites sensibles face au risque d’une arsenalisation de l’espace ? ”.

Voilà six questionnements emblématiques de ceux auxquels l’ONERA s’attache à trouver des réponses et dont l’exploration participe de sa mission de développement et d’orientation des recherches dans le domaine aéronautique et spatial, civil et militaire.

Ces questionnements ont en commun des interrogations de fond, récurrentes dans une mission de préparation de l’avenir : quelles évolutions conceptuelles et technologiques sont susceptibles de changer radicalement notre domaine d’activité et nos métiers ? Quelles innovations permettraient de contourner, voire de résoudre, un problème jusque-là insoluble ? Quelle théorie ou quel concept connu de longue date faut-il revisiter à la lumière des progrès scientifiques et technologiques récents ? Quelles recherches et quels investissements faut-il engager sans tarder pour anticiper des évolutions majeures ou des ruptures potentielles, et préparer ainsi l’émergence de solutions adaptées ?

Puisqu’ils traitent de futurs par nature inconnus, ces questionnements ont surtout en commun de mettre en lumière beaucoup d’incertitudes. De ce fait, ils poussent à développer et à mettre en œuvre une démarche exploratoire spécifique. Cette dernière doit être suffisamment ouverte, structurée et rationnelle, pour appréhender la complexité des problèmes posés dans une juste proportion, tirer des enseignements du passé sans s’y enfermer, projeter le présent dans le champ de futurs possibles, stimuler la créativité et l’innovation, et éclairer le présent sur les risques à prendre pour préparer le futur.

 

La prospective, une indiscipline revendiquée

Contrairement à une idée trop largement répandue, les ruptures sont imprévisibles. Elles ne sont reconnues et acceptées comme telles par une majorité suffisante de décideurs que lorsqu’elles se sont imposées. Attendre ce constat pour réagir, c’est plus que jamais se soumettre aux conséquences dévastatrices d’un retard assuré. En même temps, il faut admettre que, brouillés par le foisonnement des idées, par les progrès multiples et divers dans quantité de disciplines, ainsi que par les effets de mode, les symptômes possiblement annonciateurs de ruptures demeurent des signaux faibles. Dans ces conditions, quelle démarche faut-il mettre en œuvre pour anticiper l’émergence des ruptures, pour en détecter les signes précurseurs et préparer ainsi les décideurs à prendre le risque d’investir, les individus et les collectifs à entreprendre ?

La prospective, soutenue par son auxiliaire indispensable, la veille, est une réponse à ce besoin. La veille ? En général, tout le monde comprend. La prospective ? Il est utile de l’expliquer souvent pour dissiper de fréquents malentendus.

La prospective n’est pas une prévision, encore moins une prédiction, du futur. C’est une projection vers des futurs possibles, souhaitables ou non, plus ou moins probables, qui a pour objectif d’en construire et d’en partager des représentations et, ainsi, d’en explorer les limites et de remonter à leurs conséquences qu’il faut anticiper par des actions à mener au présent. Cette projection consiste à se placer dans des référentiels volontairement contrastés, inédits, iconoclastes, voire transgressifs, et à explorer d’autres logiques de pensée pour sortir des sentiers battus, prendre de la distance par rapport aux idées reçues et capter les précurseurs d’évolutions majeures et de ruptures. Un défi fondamental de la prospective et de la veille, tout particulièrement dans un organisme de recherche finalisée comme l’ONERA, consiste à se risquer volontairement au-delà de ses propres limites pour discerner parmi les besoins ceux qui doivent être traduits en recherche amont pour préparer l’avenir. Sans cette forme d’indiscipline, pas d’exploration des futurs possibles, ni d’évaluation de leur impact potentiel à anticiper au présent.

Les ingrédients essentiels : des questionnements soigneusement posés, une démarche structurée, un positionnement et une organisation reconnus au sein de l’entreprise, et des ressources, humaines en tout premier lieu.

 

Le Centre de Prospective et de Veille Aérospatiales de l’ONERA (CPVA)

Créé en 2005, initialement sous le nom de Centre de Prospective Aérospatiale, le CPVA a pour mission de développer et de mettre en œuvre la prospective et la veille pluridisciplinaires, scientifiques, techniques et stratégiques dans les domaines d’intérêt de l’ONERA et de possibles partenaires. Complémentaires de celles menées “ par métier ” au sein des départements de l’ONERA organisés par domaines scientifiques et techniques, la prospective et la veille menées par le CPVA traitent des sujets par nature largement pluridisciplinaires tirant ainsi parti de la couverture disciplinaire étendue de l’ONERA.

Le CPVA est une structure légère mais qui dispose du bras de levier potentiellement puissant que lui confère la synergie des départements de l’ONERA parce qu’il développe une démarche collaborative spécifique fondée sur l’intelligence collective et le croisement des métiers. En pratique, il accueille physiquement et met en réseau, à temps partiel et pour une durée déterminée, des experts/spécialistes de l’ONERA et, possiblement de l’extérieur, qui travaillent essentiellement en équipe intégrée.

Majoritairement financée par la subvention allouée à l’ONERA pour charge de service public et pour partie par des contrats, l’activité du CPVA est commanditée et évaluée par son Comité directeur constitué par des membres du Comité exécutif de l’ONERA.

Le CPVA oriente, organise, pilote et anime les actions de prospective et de veille, depuis l’extraction de propositions de sujets jusqu’à la production des résultats et des recommandations sur les suites à donner. Il contribue également à la valorisation des résultats et à la mise en œuvre des décisions de son Comité directeur.

Entité de la Direction Scientifique et Prospective, le CPVA développe une expertise qui porte aussi bien sur les processus et les méthodes mis en œuvre dans les actions de prospective et de veille, que sur les apports de ces actions en termes d’intérêt scientifique et technologique, et d’utilité pour le domaine aérospatial. Les résultats ont vocation à éclairer l’orientation des recherches et le positionnement stratégique à moyen et long terme de l’ONERA et de possibles partenaires.

 

Retour vers les futurs en question

Les six exemples de questionnement cités en introduction et traités dans ce numéro spécial ont surtout pour objet d’illustrer la diversité des actions de prospective et de veille menées au CPVA et le continuum qu’elles forment avec les actions de recherche décidées et entreprises dans la foulée par l’ONERA :

  • le premier, dans un contexte de croissance exponentielle vérifiée à ce jour du trafic aérien, vise à figurer des représentations concrètes de scénarios d’évolution cohérente du système de transport aérien à l’horizon 2050, c’est-à-dire des traductions de ces scénarios en termes de concepts et de technologies clés sur lesquels investir ;
  • le second, dans un contexte d’évolution du besoin de mobilité sous contrainte de réduction des nuisances et de durabilité, vise à explorer la faisabilité et les limites du concept d’avion tout électrique, c’est-à-dire y compris sa propulsion ;
  • le troisième revisite le concept ancien d’aile volante pour évaluer dans quelle mesure les progrès scientifiques et technologiques pourraient lui procurer des avantages décisifs susceptibles de remettre en cause la supériorité actuelle du concept d’avion classique de type tube-and-wings ;
  • le quatrième est en quête de ruptures qui résoudraient le problème des nuisances sonores qui plombe toujours le développement de l’avion supersonique pour le transport commercial ;
  • le cinquième revisite la physique prometteuse de la magnéto-hydro-dynamique et les exigences liées à son applicabilité pour évaluer dans quelle mesure des ruptures scientifiques et technologiques permettraient d’en tirer davantage parti dans le domaine aérospatial ;
  • le sixième vise à protéger les systèmes satellitaires de haute valeur contre des agressions intentionnelles que la militarisation de plus en plus inéluctable de l’espace, en réponse aux formidables enjeux économiques et de souveraineté, ne manquera pas de faire émerger.

 

Le traitement de ces six questionnements ne relève pas nécessairement des mêmes méthodes, ni des mêmes compétences, comme on peut l’appréhender en considérant les contextes et les sujets induits par chaque questionnement. C’est l’objet de ce qui suit d’en présenter les contours et les résultats les plus marquants. ?

 




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