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INTERVIEW DE PASCAL BIDAN, DIRECTEUR DÉLÉGUÉ DE L’ESTACA
Ingénieur de l’École Centrale Paris, Pascal BIDAN a un double parcours d’ingénieur (Airbus, Alstom) et d’enseignant (ECE, ECP, CentraleSupélec). Depuis avril 2015, il est directeur délégué de l’ESTACA, école d’ingénieurs spécialisée dans les transports (aéronautique, automobile, ferroviaire) et nous parle plus particulièrement de la filière Aéronautique et Spatiale de l’ESTACA.
Jean-Pierre Sanfourche : Quelles grandes améliorations les nouvelles installations de l’ESTACA sur le campus Paris-Saclay apportent-elles par rapport au site précédent de Clichy-Levallois ?
Pascal Bidan – Nous avions un besoin évident d’extension de nos surfaces pour être en mesure de faire entrer l’ESTACA dans le 21e siècle. Le nombre d’élèves ingénieurs augmente régulièrement au rythme de + 10% par an depuis 2015 et cette tendance va bien évidemment se poursuivre, voire s’amplifier. Ainsi au total sommes-nous passés de 5.000 m2 à 15.000 m2 entre Levallois et ici à Saint-Quentin-en-Yvelines / Montigny-le-Bretonneux.
Situé sur le territoire de l’Université Paris-Saclay, l’établissement ESTACA travaille avec l’un des écosystèmes académiques et scientifiques les plus riches de France, composé d’ ‘entreprises et d’instituts de recherche de premier plan. Par ailleurs la haute qualité de sa conception environnementale doit être soulignée.
Vue générale du bâtiment de l’ESTACA, implantée depuis 2015 à Montigny-le-Bretonneux (Paris-Saclay).
JPS : Quelles sont les complémentarités entre le Campus Paris-Saclay et le campus Ouest de Laval ?
PB – Situé dans le Parc Universitaire Laval-Changé (département de la Mayenne), ESTACA Campus Ouest avait été inauguré en 2005. Cela correspondait à un souci d’extension et de décentralisation. Ce campus offre les mêmes enseignements que Paris-Saclay : la sélection des candidats est la même, les examens sont organisés simultanément, de nombreux enseignants se déplacent de l’un à l’autre et les cours sont partagés par visioconférence. Au total plus de 2000 étudiants sont répartis sur les deux sites.
JPS – Quelle est la physionomie générale de la nouvelle promotion qui a intégré l’ESTACA en septembre dernier ? Les élèves proviennent-ils tous de la préparation intégrée post-bac ?
PB - Nous avons accueilli en septembre dernier 400 élèves en préparation intégrée post-bac : 94% provenaient de Terminale S et 6% de Terminale Sciences et Techniques de l’Ingénieur, près de 80% avaient obtenu leur baccalauréat avec mention B ou TB : c’est dire l’excellent niveau de nos étudiants. Notons qu’en parallèle, nous admettons des élèves issus de classe préparatoire en 3e année via le concours E3a, 63 élèves provenaient de Math Spé 3/2.
JPS – Quelles sont à présent les différentes filières qui s’offrent aux élèves ? En particulier existe-t-il une filière spécifiquement Espace ?
PB – L’ESTACA permet d’accéder à l’une des quatre spécialisations “ Transport ” suivantes : Automobile, Transports Guidés, Aéronautique, Spatial. Mais la spécialisation définitive dans le Spatial n’intervient qu’en 4e année.
Les études se déroulent sur 5 ans :
- Année 1 : Bases Scientifiques et Sciences Humaines – Initiation aux Transports : Automobile Transports Guidés (Systèmes Ferroviaires) – Aéronautique et Spatial ; ces trois initiations sont menées simultanément. Les élèves choisissent leur future spécialisation en fin de première année. Je précise que ce choix est fondé non pas sur des critères de réussite à caractère scolaire mais sur le degré de motivation. Ici à l’ESTACA nous privilégions la notion de “ passion ” !
- Année 2 : Bases Scientifiques – Sciences de l’Ingénieur – Sciences Humaines – Choix et commencement des études de l’un des trois systèmes de transport suivants : Automobile – Transports Guidés ou Aéronautique/Spatial ;
- Année 3 : Tronc Commun Scientifique et Culture de l’Ingénieur – Continuation de la spécialisation Automobile, Transports Guidés ou Aéronautique/Espace ;
- Année 4 : Tronc Commun Scientifique et culture de l’Ingénieur – Approfondissement de l’une des quatre spécialisations suivantes : Automobile – Transports Guidés – Aéronautique – Spatial (voici la réponse à votre question) ;
- Année 5 : Stage de fin d’études (6 mois) et choix d’une spécialisation au sein de chaque filière : par exemple pour l’Aéronautique : Architecture et structures ou Intégration des systèmes propulsifs à bord ou avionique & commande de vol ou exploitation & Maintenance, Systèmes embarqués, etc. il en va de même au sein des filières Automobile, Transports Guidés, ou Spatial.
A noter : un Immersion facultative en Entreprise (12 mois) est possible entre la 4e et la 5e année.
Permettez-moi de revenir un instant sur cette éthique de la “ passion ” : nous attachons naturellement le plus grand prix à la compétence scientifique et technologique mais ce que nous voulons en outre favoriser au maximum c’est la passion du métier, condition sine qua non pour développer l’esprit d’innovation ! J’ajoute que pour aller dans le sens du développement de cet esprit d’innovation, notre pédagogie, fortement active et interactive est orientée “ Projet ”. Les élèves sont mis face à des problématiques concrètes leur permettant d’acquérir des compétences complémentaires d’ordre organisationnelles, méthodologiques et managériales.
Ces mises en situation peuvent prendre plusieurs formes : projet d’initiation à la recherche appliquée, projet industriel, challenge, projet d’innovation… Par ailleurs nous avons développé la pédagogie inversée, le principe est de demander à chaque élève de préparer les cours en amont à l’aide de supports divers (polycopiés, vidéos, lectures conseillées, supports accessibles sur via la plateforme de e-learning Openschool). Ensuite, la séance de cours en face à face s’articule dans un premier temps autour d’un échange entre enseignant et élèves avec un focus sur les difficultés de compréhension rencontrées. Nous avons aussi développé les “ espaces collaboratifs ” où les étudiants peuvent se retrouver pour travailler en groupe (salle de projet, Fab Lab et espaces dédiés aux projets associatifs)
JPS – Parmi les grandes innovations de cette rentrée est l’association de l’ESTACA à CentraleSupélec d’une part et à Centrale Casablanca d’autre part :
La première rentrée d’élèves de 5e année en septembre dernier s’est-elle déroulée conformément à vos attentes ?
Je souhaiterais avoir quelques précisions sur les grandes lignes de chacun des quatre cursus de spécialisation : (i) mécanique, aéronautique et espace – (ii) automatique pour la transition énergétique – (iii) énergie – (iv) génie industriel. Plus particulièrement les cursus (ii), (iii) et (iv).
PB – Depuis la rentrée 2017, les étudiants de l’ESTACA peuvent obtenir un double diplôme ESTACA-CentraleSupélec ou ESTACA-Centrale Casablanca dans le cadre de leur cursus d’ingénieur.
Les étudiants sélectionnés peuvent se porter candidats au cours de leur 4ème année, à l’un des diplômes de spécialisation proposés par les Écoles Centrales sur les campus de Gif-sur-Yvette, Rennes ou Casablanca.
Ainsi s’agit-il d’un nouveau parcours d’excellence dans l’offre de formation de l’ESTACA, qui est bien complémentaire au parcours que nous offrons depuis de nombreuses années aux étudiants de l’ESTACA avec les autres écoles du Groupe ISAE, et notamment ISAE-SUPAERO et ISAE-ENSMA. Cette mobilité au sein du Groupe ISAE fonctionne bien, et nous souhaitons la poursuivre et l’intensifier dans le cadre du nouveau Groupe ISAE qui a été annoncé en janvier 2018.
C’est en avril 2017 que nous avons signé une convention de partenariat prévoyant la création d’un parcours bi-diplômant. Ce partenariat offre la possibilité aux élèves des étudiants des filières Automobile, Ferroviaire et Aéronautique de suivre leur 5ème année sur les campus de CentraleSupélec ou de Centrale Casablanca et d’obtenir un diplôme de spécialisation de l’une de ces deux écoles.
À la rentrée de septembre 2017, un étudiant ESTACA a rejoint la spécialisation Génie Industriel à Centrale Casablanca.
1. Trois autres spécialisations seront ouvertes aux étudiants ESTACA pour la rentrée de septembre 2018, :
Mécanique, Aéronautique et Espace à CentraleSupélec ;
Automatique pour la transition énergétique à CentraleSupélec ;
Energie à Centrale Casablanca ;
JPS – Autre grande innovation : la mise en place de deux Mastères Spécialisés ® 100% en Anglais – Aeronautical Operations & Maintenance et Embedded Lighting Systems : comment cette création se met-elle en place ?
PB – Pour répondre aux besoins de l’industrie des transports qui recherche des ingénieurs maîtrisant des techniques de plus en plus complexes, l’ESTACA a pris l’initiative de développer des Mastères Spécialisés (MS) (R) : d’une part Aeronautical Operations & Maintenance, d’autre part Embedded Lighting Systems. Ces formations de niveau Bac+6 ont pour objectif de permettre à des étudiants en fin de cursus ou à de jeunes professionnels d’accéder à un niveau d’expertise dans des domaines où des profils pointus sont recherches par les entreprises et peu abordés dans l’enseignement supérieur public. Le mastère ELS a été créé en partenariat avec l’Institut d’Optique et Strate, École de Design dans le cadre d’une chaire soutenue par les industriels.
JPS – Pourriez-vous nous dire quelques mots sur la nouvelle soufflerie subsonique d’ESTACA Paris-Saclay ?
PB – Il s’agit d’une soufflerie subsonique 230 km/h essentiellement conçue pour la formation en aérodynamique et la conduite de Travaux Pratiques. Elle sert également à conduire des recherches relatives à l’automobile et au ferroviaire et notamment des recherches sur la qualité de l’air : modélisation des trajectoires de particules dans les tunnels par exemple. La pollution atmosphérique constitue un thème prioritaire de R&D !
La soufflerie subsonique de l’ESTACA.
JPS – L’ESTACA est membre du Groupe ISAE : quels bénéfices cette institution apporte-t-elle à votre enseignement ?
PB – ISAE constitue une organisation tout à fait importante, crée en 2011, pour le développement et la modernisation de notre enseignement. Le Groupe ISAE (Institut Supérieur Aéronautique et Spatial) constitue en effet une communauté scientifique, technique et pédagogique reconnue, rassemblant des étudiants de ISAE-SUPAERO, ISAE-ENSMA, ESTACA, SUPMECA et École de l’air qui partagent des valeurs communes d’ouverture et d’innovation. L’ESTACA met un point d’honneur à apporter sa meilleure contribution au fonctionnement du Groupe ISAE et tout particulièrement au déroulement de la “ Semaine de Mobilité ” qui permet aux étudiants de toutes les écoles de suivre ensemble des séminaires. Nos élèves travaillent aussi sur des projets communs, par exemple la conception d’un planeur biplace à propulsion electrique dans le cadre d’Euroglider. Nos enseignant-chercheurs travaillent aussi ensemble sur des thématique de R&D.
JPS – L’ESTACA fait-elle partie du réseau européen PEGASUS ? Quels sont les projets d’ESTACA en matière d’“ européanisation ” ?
PB – L’ESTACA s’est portée candidate à l’entrée dans le réseau PEGASUS (Partnership of a European Group of Aeronautics ans Space UniversitieS) en octobre 2017, la réponse est attendue au premier semestre 2018. A l’évidence nous devons favoriser tout ce qui va dans le sens de l’européanisation !
JPS – En conclusion de notre entretien, quels sont les trois objectifs prioritaires que vous vous fixez pour l’année 2018 ?
PB – Voici ces trois objectifs prioritaires :
- Développer l’excellence académique en répondant toujours davantage aux compétences attendues par les industriels, en développant l’individualisation des parcours et l’internationalisation de l’École Cela passe par le Recrutement d’ enseignants, provenant de l’industrie aéronautique
- Renforcer notre notoriété en valorisant mieux la recherche, en développant notre intégration au sein de groupe comme ISAE et en étudiant les opportunités de croissance.
- Anticiper et préparer l’avenir en développant nos ressources à travers le Fundraising, le développement de partenariats entreprises, etc. ?
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