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Le séminaire de Prospective Scientifique du CNES : le spatial au service des connaissances et du citoyen

27 janvier 2020 Lettre 3AF
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Le Séminaire de Prospective Scientifique (SPS) du CNES s’est déroulé au Carré des Docks au Havre du 08 au 10 octobre 2019, en présence de près de 300 délégués représentant l’ensemble de l’écosystème des sciences spatiales françaises. Cet événement, se tenant tous les 5 ans, est un moment fort de la vie du CNES, puisqu’il scelle l’ultime étape de la réflexion de prospective scientifique, engagée avec le concours de ses partenaires depuis le mois d’août 2018. Il permet de projeter la réflexion programmatique au-delà de l’horizon des projets en cours, donc de préparer l’avenir du domaine sur des temps longs.

Sous la responsabilité du Comité des Programmes Scientifiques du CNES (CPS), ce travail de prospective a mobilisé plus de 200 experts dans la communauté scientifique et au CNES. Outre l’analyse des 225 contributions reçues en réponse à l’appel à idées émis en août 2018,17 groupes de travail ont œuvré à proposer des recommandations sur différents aspects de la science spatiale française. Leurs travaux ont ainsi alimenté le riche rapport de synthèse de la prospective, « matière première » du séminaire, qui fera référence dans les années à venir comme la « prospective du Havre de 2019 » , après celles de La Rochelle en 2014 et de Biarritz en 2009.
 
Lors du discours d’ouverture du séminaire, le Président du CNES Jean-Yves Le Gall a chaleureusement remercié l’ensemble des intervenants, les présidents des groupes de travail du CERES (Comité d’Evaluation sur la Recherche et L’Exploration Spatiale) et du TOSCA (Comité Terres Océans Surfaces Continentales Atmosphère) pour leur intense travail préparatoire s’ajoutant à leur action permanente de conseil des instances scientifiques du CNES. Le rôle des groupes de réflexion transverse consacrés aux ruptures technologiques, à l’usage des données, aux nanosatellites, à la définition d’une stratégie pour la Science a également été souligné tant ils ont, par leurs analyses croisées, efficacement aiguillonné la communauté des interlocuteurs thématiques traditionnels. Jean-Yves Le Gall a aussi souligné le rôle des grands organismes partenaires (CNRS, CEA, IFREMER, IGN, INSERM, INRA, INSERM, IRD, IRSTEA, Météo-France, ONERA, etc.), qui ont mis leurs experts à disposition de cette entreprise.
 
Le SPS du Havre a accompagné le passage de témoin entre l’équipe sortante du Comité des Programmes Scientifiques (CPS), présidé par Jean-Loup Puget, et la nouvelle équipe sous la présidence de Gilles Bergametti. Les membres du CPS sont en effet renouvelés tous les 5 ans. Outre le pilotage de la prospective scientifique, ils ont pour rôle d’éclairer le Conseil d’Administration du CNES sur la sélection et le suivi de ses programmes scientifiques. 
 
Le Président du CNES a remercié Jean-Loup Puget et son équipe pour l’excellent travail réalisé depuis 2014. Ce fut indiscutablement une période extrêmement féconde dans le domaine scientifique, aussi bien en termes de résultats que de décisions de programmes, révélant la force de la politique spatiale de la France sur les temps longs. Cette période a également été celle d’évolutions fortes de l’écosystème spatial : émergence et foisonnement du New Space, multiplication du nombre d’acteurs internationaux et d’agences spatiales, montée en puissance du thème de l’exploration et du vol habité, arrivée en masse des données comme celles du programme européen Copernicus, etc. Et puis l’arrivée au premier plan mondial de la question climatique sur laquelle le CNES et la France ont mené des activités d’avant-garde avec les décisions de programme Microcarb (dédié à l’étude du cycle du carbone), Merlin (cycle du méthane), et la création du Space Climate Observatory (SCO) dans le sillage de l’initiative française du One Planet Summit.
 
Comme le CPS précédent, le nouveau comité est constitué d’un collège de 12 personnalités scientifiques, représentatif d’un équilibre destiné à représenter au mieux les différents thèmes de la communauté scientifique des sciences de l’Univers, des sciences de la Terre, des sciences de la vie et des matériaux. Signe fort également de la volonté d’assurer une représentation équilibrée de la communauté, sa constitution respecte strictement la parité hommes-femmes. 
 
Les perspectives du nouveau quinquennat 2019-2024 s’annoncent enthousiasmantes. Les synthèses présentées par les différents présidents de groupes thématiques ont permis de cartographier (sans être exhaustif ici) les sujets émergents dans différents domaines (leur priorisation, sous la responsabilité du CPS, sera précisée dans un rapport à paraître) :
 
Pour l’étude du système Terre, les enjeux identifiés conduisent à des propositions de missions visant, par des observations inédites ou par l’amélioration des performances actuelles, à mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes, la dynamique des zones littorales, l’impact radiatif des aérosols sur la santé publique, l’évolution du système climatique, l’interaction nuage/climat, la prévision des précipitations. Les systèmes proposés sont à même de favoriser le suivi des ressources agricoles, hydrologiques, des gaz à effet de serre (méthane et carbone) : autant de sujets qui nous ramènent presque systématiquement à l’omniprésence de la question climatique et des changements globaux de notre planète et de ses ressources, et qui démontrent le caractère incontournable des techniques spatiales pour aborder ces questions à l’échelle globale ; qu’il s’agisse de la cartographie des variables climatiques essentielles, et plus largement la contribution aux Objectifs de Développement Durable (ODD).
 
Pour les sciences de l’Univers et de la matière, la perpétuelle quête des origines reste le moteur des propositions (origine de l’Univers, du système solaire, du système Terre et de la vie) : traces du Big-Bang, formation des premières étoiles et des premières galaxies, recensement des sursauts gamma pendant le premier milliard d’années de l’Univers, retour d’échantillons martiens, observation de comètes primitives ou de géantes glacées, recherche des ondes gravitationnelles primordiales, études approfondies du soleil, transferts d’énergie au sein des fluides supercritiques, etc. sont quelques exemples de sujets qui seront au rendez-vous des prochaines années.
Pour les sciences de la Vie enfin, l’instruction d’une série de questions cruciales, suscitées par les aspirations de l’Humanité à étendre sa présence à des domaines toujours plus grands et plus lointains, et qui obligeront à étudier à titre d’exemple la façon de maintenir les fonctions biologiques de l’humain ou du vivant pour l’exploration spatiale, lors des grandes odyssées qui vont sceller le retour de l’Homme sur la lune dans un premier temps, puis le probable voyage vers Mars dans deux ou trois décennies. Des problématiques de très longs séjours dans l’Espace, qui nécessiteront parmi d’autres défis d’assurer la qualité nutritionnelle du végétal dans l’espace, et de caractériser et réduire les risques radio-biologiques pour l’Homme lors de longs séjours dans l’espace. 
 
Pour étayer ces ambitions scientifiques, il conviendra aussi d’instruire et de progresser sur certains enjeux transverses, ciments indispensables à la construction des connaissances scientifiques. Gilles Bergametti en a énoncé les grandes lignes en fin de séminaire :
 
Une implication plus soutenue dans la production de données à forte valeur ajoutée, en définissant le cadre adéquat pour leur valorisation. Des questions aussi déterminantes que le stockage de données toujours plus volumineuses, leur traitement et leur diffusion automatiques, fiables et instantanés, sont au cœur nos préoccupations … et il apparaît que la réponse ne pourra être que concertée entre les différents organismes nationaux et européens.
Insister toujours davantage sur l’ambition technologique, autour de la miniaturisation des charges utiles, de leur modularité, de leurs capacités à embarquer de l’intelligence à bord, à intégrer des COTS (éléments commerciaux non spécifiques au spatial) dans leur architecture pour réduire les coûts, également autour des constellations de petits satellites pour atteindre d’autres mesurables et d’autres sensibilités à travers la notion de mesure répartie sur des plateformes dont on maîtrise parfaitement la géométrie de constellation et les protocoles de transfert de temps et de données. 
Avoir une vision amplifiée du partenariat tant international qu’inter-organismes et universités : dans un contexte où la ressource publique est très contrainte, la logique partenariale inter-organismes est plus que jamais nécessaire pour édifier « l’équipe de France du spatial », et porter dans un contexte internationalisé les meilleures offres nationales.
 
En guise de conclusion, il convient une fois de plus de souligner l’importance primordiale que joue et que jouera la Science pour l’essor et la visibilité des activités spatiales en France, par sa capacité à fixer le cap sur des temps longs, et donc sur la stratégie de programmation du CNES, ainsi que sur les positions françaises qu’il portera à l’Agence Spatiale Européenne : la Science, dans son acception la plus large (Terre, Univers, Matière, Vie, Exploration) est un moteur fondamental des activités du CNES. Le travail de prospective qui s’achève est son guide dans un monde qui se complexifie. 
 
Le séminaire du Havre nous fait entrer dans une période tout aussi passionnante et ambitieuse que la précédente, au service des connaissances et des citoyens de l’Humanité. Et c’est bien à cette échelle de l’Humanité que doit se porter l’ambition de plus-value de la science spatiale, tant les sujets que nous abordons collectivement, de la question climatique à celle des origines de l’Univers ou de l’odyssée vers Mars, revêtent une allure universelle.
 
https://sps2019.com/
 



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