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ÉDITORIAL LETTRE 3AF N°40
La transition énergétique a permis de construire le monde moderne et de nous faire bénéficier de toutes les commodités de la vie actuelle. Je veux parler bien sûr de la transition énergétique … qui au XIXe siècle nous a fait basculer dans l’ère industrielle. Nos moulins à vent, dont la production d’énergie intermittente suffisait dans une société proto-industrielle, ont progressivement disparu, le charbon, puis le pétrole, représentant un potentiel énergétique combien plus efficace et plus facilement mobilisable.
Plus que tout autre secteur, celui de l’aéronautique doit son essor et son existence même au pétrole. Si le premier véhicule automobile à avoir franchi le cap des 100 km/h en 1899 est bien le véhicule électrique la Jamais-Contente, sans le moteur à explosion l’avion n’aurait pu exister. Pour le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, je me suis replongé dans les prémices de la théorie du vol pour une conférence au Louvre dans le cadre de l’exposition qui lui est actuellement consacrée. Reprenant les travaux de Léonard quatre siècles plus tard, le médecin Etienne-Jules Marey énonçait que la puissance de l’homme devrait être 200 fois plus grande pour qu’il puisse s’élever en actionnant des ailes artificielles. Nous devons reconnaître la faiblesse musculaire de l’homme qui en effort prolongé ne développe qu’une puissance de 500 W. Jean-Marc Jancovici, professeur à l’Ecole des Mines, expert en énergie, faisait dernièrement cette comparaison évocatrice 1 : la puissance développée par un simple robot ménager équivaut à celle de quatre cyclistes. Il déclarait également à son auditoire qu’un occidental vit comme s’il avait deux cents esclaves à son service.
Le moteur à explosion, qui fut à l’origine du développement du plus lourd que l’air, doit tout au pétrole. Aussi Mickaël Sicard (ONERA) intitule-t-il son article : Le kérosène, ce héros méconnu.
Cependant cette Lettre est en majorité consacrée à l’Espace, le sujet n’étant pas épuisé malgré l’édition spéciale Espace, parue en juin. Ainsi le CNES nous donne une suite de quatre articles points de vue : une synthèse par Jean-Yves Le Gall de la réunion du conseil de l’ESA au niveau ministériel qui s’est tenue à Séville les 27 et 28 novembre derniers, puis une relation du séminaire de Prospective scientifique du CNES et deux articles juridiques et éthiques.
Entre rêve et réalité, Christophe Bonnal (CNES) évoque l’ascenseur spatial. L’échelle de Jacob dans le livre de la Genèse, et la littérature enfantine avec Jacques et le haricot
magique, ont tracé la voie d’un ascenseur pour atteindre le ciel. Les progrès dans le domaine des matériaux rendent désormais ces projets moins utopiques. Cet article très documenté complète son exposé d’avril 2019 donné dans le cadre des conférences du Groupe régional Ile-de-France à la mairie du XVe arrondissement de Paris.
L’article sur le bruit des avions résulte aussi d’une conférence donnée par Denis Gély (ONERA) en juillet 2019 lors des présentations scientifiques organisées par le Groupe régional Ile-de-France, dont les activités sont évoquées dans cette Lettre.
Dans Vie de la 3AF, on trouvera les grands moments de l’Assemblée générale du 18 octobre, qui a vu l’élection de notre nouveau Président Louis Le Portz. Michel Scheller, qui a tant apporté à notre association, continuera à lui faire profiter de ses précieux conseils en tant que Président d’honneur. Une interview de Jean-Yves Le Gall permet de préciser quelles sont les attentes du CNES vis-à-vis de la 3AF.
L’actualité laisse la place aux prix de l’Académie des sciences attribués cet automne à des chercheurs de l’ONERA et du CNES. Egalement le 8 octobre 2019, deux astronomes suisses, Michel Mayor et Didier Queloz ont été récompensés par le prix Nobel de physique, pour leur découverte de la première planète tournant autour d’une étoile autre que le Soleil. Nous en sommes maintenant à environ 4000 exo-planètes répertoriées, comme le souligne la note de lecture sur l’ouvrage de Flavien Kiefer à découvrir en fin de numéro.
Une autre note de lecture est consacrée au livre de William Huon Ariane, une aventure européenne, préfacé par Jean-Yves Le Gall. Ce succès, dont la France a le droit d’être fière, est à mettre au crédit de la recherche. Quand, au nom du sauvetage de la planète, il est de bon ton de dénigrer le progrès et à l’heure où des collapsologues prédisent l’effondrement du monde, une société savante se doit de rappeler que grâce aux progrès de la science, qu’on nomme désormais innovations, l’humanité vit mieux partout à la surface du globe.
Souhaitons que 2020 nous apporte de beaux succès. La Lettre 3AF continuera à se faire l’écho des avancées scientifiques et techniques dans le domaine aérospatial avec toujours autant de foi et d’espérance dans l’avenir.
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