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La surveillance de l'espace : Quel rôle pour la France

16 avril 2025 Lettre 3AF
Publié par Olivier ANGLADE
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par Amandine Delom, responsable communication & marketing, Groupe HEMERIA

 

La démocratisation des technologies spatiales avec le New Space a provoqué une augmentation du trafic dans l'Espace et de ce fait une progression exponentielle du nombre d’objets en orbite (plus de 30 000 satellites d’ici 2030), et de débris spatiaux (plus d’un million à ce jour).

 

À ce défi vient s’ajouter un enjeu majeur de sûreté lié aux changements géopolitiques, et aux nouvelles capacités technologiques qui se traduisent par des comportements hostiles, voire agressifs.

 

Face à ces menaces grandissantes et pour accélérer le processus de surveillance, l’Union Européenne a introduit dans son programme spatial 2021-2027 la surveillance de l’Espace (Space Situational Awareness, SSA) afin de garantir une utilisation sûre, durable et sécurisée de l'Espace, facilitant ainsi la contribution des industriels et start-up.

LA SURVEILLANCE DE L’ESPACE, INSTRUMENT DE SECURITE INDISPENSABLE

 

Sujet d’actualité, mais pas pour autant nouveau, la surveillance de l’Espace était jusqu’aux années 2000 mise en œuvre principalement par les agences spatiales (NASA, ESA, ROSCOSMOS…) à l’aide de systèmes de surveillance basés sur l’utilisation de radars et de télescopes dont les origines remontaient à la Guerre froide, et dont l’intérêt était exclusivement militaire.

 

Dès 2014, l’ESA (agence spatiale européenne) crée le programme EU SST (Space Surveillance and Tracking) dont l’objectif est de détecter et d’identifier des objets présents sur les différentes orbites afin de réduire les risques de collision en orbite. Le consortium EU-SST rassemblait à l’origine les agences spatiales française (CNES), italienne (ASI), espagnole (CDTI), allemande (DLR) et anglaise (UK SA) avant de s’élargir à 15 états membres.

 

Depuis juillet 2017, la France assure la présidence du consortium qui est intégré au programme spatial 2021-2027 de l’Union Européenne. Au sein de ce consortium, la France est chargée avec l’Espagne d’évaluer les risques de collision, de diffuser des alertes et de proposer des manœuvres d’évitement (service CAESAR), missions effectuées par le CNES et le Commandement de l’Espace à l’aide notamment du radar GRAVES.

 

LE RADAR GRAVES, ATOUT FRANÇAIS MAJEUR DE LA DETECTION

 

Mis en service en 2005 et développé par l'Onera sous contrat de la Direction Générale pour l'Armement (DGA), le radar GRAVES (Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale) est un système français de détection d’objets spatiaux évoluant en orbite basse (entre 400 et 1000 km d’altitude).

 

Premier système européen de veille spatiale, il permet à la France de disposer en toute autonomie d'informations sur la situation spatiale.

Les États-Unis, la Russie et la Chine étant les seuls à disposer d’une capacité identique, le radar GRAVES permet à la France de se positionner face à ces grandes puissances spatiales.

 

LES INDUSTRIELS FRANÇAIS DANS LA COURSE A LA SURVEILLANCE DE L’ESPACE

 

La France manque toutefois de moyens de surveillance pour observer et cataloguer les débris spatiaux. C’est dans ce cadre que la surveillance de l’Espace est inscrite en tant que priorité du volet spatial du plan d’investissement France 2030.

 

En avril 2023, le CNES a attribué les contrats de ce volet à cinq consortiums de start-up et industriels français dont Airbus Defence & Space, ArianeGroup, Safran, ShareMySpace, U-Space ou encore Infinite Orbit pour développer de nouveaux moyens de surveillance des satellites et des débris spatiaux.

 

HEMERIA, LE NOUVEL ENTRANT DANS LE DOMAINE DE LA SURVEILLANCE DE L’ESPACE

 

En mars 2024, le groupe Hemeria a annoncé l’acquisition de la start-up OPENSCI, qui est devenue Hemeria Sensing, et dont l’activité d’anticipation, de détection et de caractérisation des lancements spatiaux et des tirs balistiques, permet à l’entreprise de développer une nouvelle offre de services de données stratégiques, répondant ainsi aux enjeux de souveraineté.

 

Cette nouvelle activité a rapidement été complétée, en octobre 2024, par des services de surveillance de l’Espace, suite à une prise de participation à hauteur de 70% dans la start-up Astareon aux côtés de l’Onera (30%). Astareon, renommée Hemeria Surveillance, fournit des données issues de capteurs radars basés sur la technologie GRAVES avec un catalogue indépendant de plus de 10 000 objets en orbite basse (LEO), permettant ainsi un suivi et une identification précise des objets spatiaux, en fournissant des informations sur leur position, leur nature et leurs futures trajectoires.

 

Dernier entrant sur ce marché, déjà occupé en France par ArianeGroup, ou les start-up Aldoria et Look Up Space, Hemeria compte se démarquer par la complémentarité de l’offre de ses deux nouvelles entités, par son accès privilégié au radar GRAVES et à la station MEDOC, ainsi que par son catalogue déjà conséquent et différenciant de ses concurrents.




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