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Alain Wagner, vice-président de la 3AF
08 mai 2019
Lettre 3AF
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Bruno Chanetz : Vous êtes l’un des deux vice-présidents de la 3AF avec Bruno Sainjon, président de l’ONERA. Depuis combien de temps ? Quel est votre rôle au sein de notre association ? Avez-vous des missions particulières ?
Alain Wagner : J’ai été élu au conseil d’administration en juin 2011 et je suis l’un des deux vice-présidents de la 3AF depuis la fin de l’année 2016.
La réponse à la question sur mon rôle en tant que vice-président de la 3AF appelle un peu de comitologie. Dans les statuts de la 3AF, les membres individuels ou collectifs sont répartis dans trois collèges : les membres à titre individuel, les membres collectifs exerçant des activités industrielles, dont Airbus, et les membres collectifs exerçant des activités de recherche ou de formation dont l’ONERA. Les deux vice-présidents représentent chacun l’un des deux collèges auxquels le président n’appartient pas. Le Président Michel Scheller appartient au collège des membres individuels, le Président Bruno Sainjon, et moi portant les intérêts des membres collectifs de nos collèges respectifs. Les vice-présidents n’ont pas de fonctions définies telles que la présidence d’un comité administratif et financier comme cela peut exister dans d’autres associations. En pratique, le président nous confie des missions ponctuelles et il nous arrive de le représenter comme je l’ai fait récemment en donnant une allocution au Colloque IES Intelligence Economique 2018 1.
BC : Vous occupez de hautes fonctions au sein du groupe Airbus ? Comment votre engagement personnel à la 3AF est-il perçu chez Airbus ? Encouragez-vous les membres de vos équipes à participer à des commissions techniques 3AF et apporter leur contribution à la 3AF ?
AW : Au sein de la Division Defence and Space d’Airbus, je travaille au Marketing and Sales où je suis en charge du business spatial institutionnel. Mon engagement au sein de la 3AF, même s’il est personnel à la base, est mandaté par Airbus. Il ne serait pas un instant imaginable qu’Airbus ne soit pas un acteur engagé dans la société savante française de l’aéronautique et de l’espace. Au sein d’Airbus, j’encourage bien sûr mes interlocuteurs et les membres de mes équipes à adhérer à la 3AF. Chacun est libre de le faire ou de ne pas le faire. Je pense qu’un(e) collègue qui adhère à la 3AF démontre sa passion, son engagement et construit un réseau. Les échanges y sont gagnant-gagnant : on y rencontre d’autres passionnés et on y trouve toujours de bonnes idées. Pour paraphraser le discours inaugural du Président Kennedy : ne vous demandez pas ce que la 3AF peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la 3AF.
BC : Une difficulté commune aux associations est le recrutement de jeunes, qui sont très actifs sur les réseaux sociaux, mais hésitent à s’engager plus activement au sein d’une structure telle que la 3AF. Le Président Michel Scheller revient périodiquement sur cette nécessité de nouveaux adhérents. Voyez-vous quelques pistes pour que les jeunes professionnels des grosses entreprises du secteur aérospatial rejoignent en plus grand nombre la 3AF ? Comment faire passer le message aux jeunes embauchés, comme à leur hiérarchie, que la participation à des groupes de travail transversaux tels que nos commissions techniques est un plus pour l’entreprise ?
AW : C’est une vraie préoccupation. Je perçois un désengagement du monde associatif et une crise du bénévolat. C’est une perception personnelle qui mériterait d’être étayée par des faits ou, je l’espère, invalidée. Les jeunes ne sont pas moins généreux ou moins engagés que les autres ; je ne sais pas s’ils sont happés par les réseaux sociaux ou un monde du travail beaucoup plus exigeant et plus dur. Nous avons récemment créé un observatoire ouvert du numérique 2 pour créer de la “ transversalité ” et faire plancher de jeunes talents. Il faudra probablement inviter un jeune embauché qui a reçu un prix de la 3AF pour représenter les plus jeunes au conseil d’administration : c’est une proposition que je suis prêt à soutenir. Nous pourrions aussi lancer des challenges sur le monde aérospatial de demain pour les plus jeunes. Un motif de satisfaction, en évoquant le Newspace Forum organisé à l’X le 31 janvier 2019 par un jeune adhérent 3AF, doctorant à l’ONERA, qui a attiré près de 300 personnes ! Bravo et merci !
BC : Qu’apporte selon vous la 3AF à ses adhérents ? Est-elle pour vous, comme pour le Président Michel Scheller, incontournable dans le paysage aérospatial Français ?
AW : La France est une grande nation dans le domaine aérospatial avec des positions de numéro un ou de numéro deux mondial dans la plupart des segments de marché. Elle se doit de disposer d’une grande société savante. La 3AF est LA société savante française de l’aéronautique et de l’espace. Elle offre à ses membres de nombreux services : des rencontres locales ou nationales, la participation à des comités techniques, des conférences et bien sûr sa Lettre.
BC : Alors pour achever cet entretien, que pensez-vous de cette Lettre ? Avez-vous des suggestions pour la faire évoluer, sachant que nous avons entrepris depuis deux ans de donner plus largement la parole aux membres moraux qui constituent la 3AF en programmant des numéros spéciaux : le CNES en 2017, l’ONERA en 2018 et cette année deux numéros spéciaux en préparation.
AW : Je suis toujours très favorablement impressionné par la qualité de la Lettre de la 3AF. À la fois par la diversité des articles et leur haute tenue. Cela représente un très gros travail d’organisation et de rédaction. Je confesse pourtant ne pas avoir toujours le temps de la lire in extenso. Scoop : la 3AF va produire une lettre spéciale Espace un peu avant le Salon de l’aéronautique et de l’espace au Bourget alors que le spatial joue plus que jamais un rôle clef dans la mise en œuvre de nombreuses politiques publiques dont la défense 3 et qu’il est devenu indispensable à toutes les activités économiques.
Passionné depuis toujours par l’univers du spatial, Alain Wagner intègre en 1982 l’Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et d’Aérotechnique (ENSMA) de Poitiers. Co-fondateur du club de fusées ELAN de l’ENSMA, il conçoit, à la demande du CNES, deux moteurs (Isard et Caribou) pour propulser les mini-fusées de Planète Sciences. Scientifique du contingent au CNES à Evry entre 1985 et 1986, il met au point un logiciel d’aérodynamique hypersonique validé d’abord sur des formes simples puis sur des essais en soufflerie d’Hermes.
Il rejoint le CNES en qualité d’ingénieur puis de responsable d’affaires. Il y réalise les études de mécanique du vol (décollage, séparations d’étages, retombées) pour les programmes Ariane 3, 4 et 5, et pour Hermes. C’est à ce titre qu’il participe à trois campagnes de lancement à Kourou. Il est sollicité pour rejoindre la commission d’enquête qui fait suite à la séparation défectueuse d’un propulseur d’appoint d’Ariane 4.
En 1989, il rejoint l’industrie en intégrant Aérospatiale aux Mureaux. Il occupera successivement les postes de responsable d’affaires, de chef du service lanceurs, puis d’adjoint au chef du département des avant-projets. Il y travaille notamment sur l’avant-projet d’Ariane 5 ECA.
En 1987, il suit le Master de l’International Space University “ le MBA de l’espace ”.
Il se voit proposer en 1998, un détachement de 3 ans à Bruxelles à la Commission Européenne où il contribue à des communications majeures, notamment la Stratégie Européenne pour l’Espace adoptée par la Commission en 2000 dont Copernicus et Galileo sont des éléments centraux.
Il revient sur le site des Mureaux (alors EADS Launch Vehicles) en qualité d’adjoint au directeur des programmes de défense antimissile et rejoint en 2002 EADS auprès de l’un de ses dirigeants pour coordonner les affaires de défense antimissile du groupe: il prépare, met en œuvre la stratégie et gagne le contrat ALTBMD (Active Layered Theater Ballistic Missile Defence) de l’OTAN avec les équipes des Mureaux travaillant sur la composante balistique de la dissuasion et la défense antimissile.
Le PDG d’Astrium Space Transportation lui demande alors en 2005 de prendre le poste d’adjoint au directeur du business development sur les sites des Mureaux et de Brême. Il va recruter puis coordonner une équipe de responsables grands comptes en charge des agences spatiales en Europe. En 2007, il est nommé Directeur de la Stratégie et des fusions-acquisitions chez Astrium Space Transportation aux Mureaux. Il va notamment travailler à la réalisation d’un rapprochement avec la société Safran qui donnera lieu quelques années plus tard en 2015, à la création d’Airbus Safran Launchers. Il sera aussi à l’origine de la création d’une entité de consulting qui vise à conseiller et accompagner les équipes internes.
A partir de 2014, Alain Wagner est vice-président Relations Institutionnelles pour le compte d’Airbus Defence & Space. Sa mission consiste à représenter les intérêts de son entreprise pour créer et développer des affaires pour le compte de notre pays dans le domaine du spatial.
Il a contribué à la création du Cospace, une instance de concertation sur l’Espace, entre l’Etat et le monde industriel. Il est au comité de pilotage du Cospace, et il co-préside le groupe de travail applications qui a proposé avec succès le lancement en 2016 de 4 boosters, des écosystèmes dans lesquels des acteurs du numérique, du spatial et de secteurs d’usage se rencontrent pour accélérer le développement de start-ups et de services spatiaux.
Il a aussi à son actif une contribution majeure au lancement du projet de satellite Microcarb ; annoncé lors de la CoP21 à Paris, ce satellite permettra de mesurer régulièrement les concentrations de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, dans le monde pour assurer une meilleure compréhension des phénomènes et évaluer les quantités émises et absorbées.
Il est directement à l’origine de nouveaux boosters du Cospace en Guyane et dans le Grand Est.
Il lance aussi en 2018, l’observatoire ouvert du numérique à la 3AF pour attirer des jeunes au sein de la société et échanger les bonnes pratiques en matière de transformation digitale.
En octobre 2018, il est nommé vice-président en charge du marketing et de la vente des satellites en Europe. Par ailleurs, Alain Wagner est :
- Vice-président du Conseil d’Administration de l’Association Aéronautique et Astronautique de France.
- Vice-président du conseil d’administration de l’International Space University.
- Membre du conseil d’administration d’Eurospace (association regroupant les entreprises du secteur spatial manufacturier en Europe).
- Membre de la commission espace du Groupement des Industries Françaises de l’Aéronautique et du Spatial.
- Membre du comité de pilotage du Cospace et co-animateur du groupe de travail applications du Cospace.
- Académicien de l’International Academy of Astronautics depuis 2018.
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