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ESPACE ET DÉFENSE
Penser aujourd’hui à l’espace, ce n’est plus imaginer un monde lointain et obscur. Le ciel, devenu un espace de rivalité et de confrontation, est désormais la réalité de nos quotidiens et de nos opérations : les actes inamicaux s’y multiplient, l’espionnage s’y pratique dans l’ombre, les puissances développent des capacités antisatellites. C’est une évidence, aujourd’hui, plus que jamais, notre défense passe par l’espace.
J’évoquerai un exemple récent : l’opération Hamilton. Quand le régime syrien a décidé de franchir les limites de l’humanité et de gazer son propre peuple, il nous fallait réagir. Si nous avons pu le faire vite, c’est précisément grâce aux renseignements que nous avons pu collecter depuis l’espace, via les satellites Hélios et Pléiades. Ce n’est pas une mode, c’est un fait, la conduite des opérations militaires passera de plus en plus par l’espace.
À l’aube du lancement d’une ambitieuse stratégie spatiale de défense commandée par le Président de la République, la France dispose de nombreux atouts. Depuis soixante ans, notre pays fait figure de pionnier dans les activités spatiales. Seulement quatre ans après sa création en 1961 à l’initiative du général de Gaulle, le Centre National d’Études Spatiales plaçait sur orbite le premier satellite français, hissant ainsi la France au rang de troisième puissance spatiale juste derrière l’ex-URSS et les États-Unis. Depuis, les succès et les avancées ont été nombreuses, je pense notamment à la construction du centre spatial guyanais, véritable « port spatial de l’Europe », ou plus récemment à la mise au point de la composante spatiale optique dont le premier satellite CSO-1 a été lancé le 19 décembre 2018.
La France doit continuer de compter dans l’espace et je compte sur tous les organismes publics, et les industriels du secteur pour relever le défi et maintenir la France au plus haut niveau dans un monde qui change. La création prochaine d’une Space Force au sein de l’Etat-Major des Forces Armées des États-Unis, la montée en puissance des capacités chinoises et indiennes montre à quel point le spatial est désormais au cœur des enjeux de défense. Une autre donnée ne doit pas être ignorée : la montée en puissance du NewSpace qui permet à des acteurs privés de disposer de l’accès à l’espace et d’en user à des fins commerciales compétitives.
Il est donc temps d’accélérer et d’intensifier encore nos efforts. Notre priorité est de renouveler nos capacités spatiales de défense et de sécurité et de pouvoir assurer une protection robuste de nos satellites : surveiller, identifier, caractériser ce qui leur advient et construire en toute autonomie notre veille spatiale est indispensable. La loi de programmation militaire 2019-2025 nous en donnera les moyens.
La France, avec le CNES, la DGA et ses établissements de recherche, notamment l’ONERA, son industrie et ses universités, est parfaitement placée pour donner cette impulsion nouvelle tout en entraînant nos partenaires de l’Union Européenne dans la construction d’une Force Spatiale en mesure de répondre à ce fait incontestable : l’espace est désormais une clé de voûte de la défense.
La France, troisième puissance spatiale, y parviendra j’en suis convaincue.
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