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« Le Hangar à dirigeables d'Ecausseville, un centenaire plein d'avenir » sous la direction de Philippe Pâris et Dominique Barjot aux éditions Ouest-France

15 octobre 2021 Lettre 3AF
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Il y a des colloques sans actes, mais aussi des actes sans colloque. C’est le cas de ce remarquable ouvrage collectif, tenant lieu du colloque qui aurait dû avoir lieu en 2020 dans le Hangar à dirigeables d’Ecausseville pour le centenaire de son achèvement. La crise sanitaire ne l’a pas permis, mais en tant que membre du conseil scientifique qui préparait l’évènement, je me félicite que tous les intervenants pressentis aient accepté de consigner leurs connaissances dans ce superbe ouvrage qu’on doit à Philippe Pâris et à Dominique Barjot. Ils ont su réunir historiens, universitaires, architectes, ingénieurs experts et constructeurs de dirigeables pour brosser un tableau varié et approfondi. L’ouvrage est divisé en quatre parties. 

La première est relative à l’histoire du bâtiment et de l’aéronautique dans la Manche pendant la guerre de 1914-1918. À la fin de la guerre de 14, le parc des dirigeables de la Marine française culmine en effet à 37 unités, dont 9 Chalais-Meudon. Dès 1916, la décision de créer un port d’attache dans la région de Cherbourg est prise. Ce sera le lieu-dit de la Bergerie de Vaux, située sur la commune d’Ecausseville et proche de la ville de Montebourg. Par rapport aux hydravions et avions côtiers, dont le rayon d’action est trop court et donc la durée de vol utile faible, l’intérêt des dirigeables escorteurs, est qu’ils pouvaient aller au large pour accueillir et accompagner les convois., un dirigeable pouvant "croiser" plusieurs heures dans des zones où il ne risquait pas, alors, d’être victime d’un avion de chasse. Du fait du formidable pont d’observation qu’ils constituaient, ces dirigeables, armés de bombes, pouvaient aisément attaquer un sous-marin, y compris en petite plongée. Autonomie et permanence sur zone constituaient des avantages décisifs au plus léger que l’air. L’Aéronautique maritime a ainsi protégé le commerce allié et joué un rôle déterminant dans l’issue du conflit.

La deuxième partie traite de l’architecture du Hangar d’Ecausseville, mais aussi des hangars à dirigeables d’Orly, des hangars pour avions à la même époque, qu’ils soient en bois, métal ou béton armé. Le Hangar d’Augusta en Sicile, qui a fêté son centenaire en 2020 également cent ans, fait l’objet d’un intéressant chapitre. C’est le seul hangar à dirigeables construit dans le cadre du premier conflit mondial avec Ecausseville, subsistant en Europe.  Cette partie architecture se termine par un panorama des entreprises françaises du béton armé, ainsi sur l’évocation de l’ingénieur Henry Lossier, constructeur du Hangar d’Ecausseville. De grosses entreprises de construction sont évoquées et notamment l’entreprise Limousin, qui au début des années 30 construisit à Chalais-Meudon la Grande soufflerie. De même il est fait mention d’un grand nombre de personnalités du génie civil de cette époque, dont Albert Caquot. De plus l’existence de deux lexiques des personnes et des lieux permet de retrouver facilement les renseignements cherchés.

Compte tenu des désordres qu’un tel ouvrage en béton armé a pu subir au cours du temps, la troisième partie est consacrée à la problématique de restauration, en envisageant les différents éléments, la structure elle-même, les immenses portes et les tuiles Minard le recouvrant, mais ces analyses tiennent compte des avancées dans le domaine, tels les bétons fibrés à ultra-haute performances.

La quatrième partie envisage l’avenir du bâtiment à l’aune de l’avenir des dirigeables eux-mêmes. Philippe Tixier, président du Groupe de travail 3AF Aérostation et dirigeables, évoque le renouveau du dirigeable, un sujet qu’il connait bien, étant également président de Dirisolar, un projet de dirigeable solaire pour le tourisme. Thibault Prioux décrit le projet de transport de charge Flying Whales et Alain Bernard celui du transport de fret Voliris. En effet, ainsi qu’en témoigne ce n° spécial de la Lettre 3AF, le dirigeable connaît aujourd’hui un renouveau, surtout en France. Écausseville peut-il en profiter ou d’autres pistes sont-elles à rechercher pour lui trouver un futur ?

Ce bâtiment exceptionnel méritait ce livre exceptionnel, qui demeurera un ouvrage de référence, car il est le fruit d’un travail interdisciplinaire de grande qualité. Il intéressera les étudiants aussi bien que les passionnés de l’histoire et de l’actualité du dirigeable, ainsi que les curieux de l’architecture en béton du début du XXe siècle, sans oublier les amateurs du patrimoine insolite et les habitants du territoire sur lequel se dresse ce bâtiment hors norme.




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